La vie éternelle a changé l'histoire de l'humanité, pour le meilleur ou pour le pire ?
Avec la perspective de la vie éternelle, le bonheur sur terre ?
Si vous assortissez la promesse de vie éternelle de quelques messages lénifiants "soyez bien gentils et vous aurez le paradis" et "sinon ce sera l'enfer pour vous", on devrait obtenir une population "zen" et détachée des réalités bassement matérielles, en attente du paradis promis…
Depuis des millénaires, toute la population occidentale a été pénétrée de la promesse de vie éternelle, et on a donc eu tout le temps de voir son influence sur la vie des gens… Est-ce donc le sympathique bonheur promis ?
À quoi bon se disputer les richesses de la terre, puisque l'important sera après la vie ?
Imaginons le meilleur des mondes :
– Je vous en prie… Après vous.
– Je n'en ferai rien. C'est à votre tour…
– Nous n'allons pas nous disputer pour si peu… L'important, c'est la vie éternelle !
– Bien évidemment !
Imaginez… Un monde fraternel, égalitaire, où tout le monde partagerait tout avec tous, sans chercher à commander pour le plaisir ou à accaparer inutilement des biens qui vous plomberaient le paradis… Un monde où l'on ne fabriquerait pas des pauvres pour le plaisir de s'enrichir.
Un monde pas si virtuelSoyons lucides… La promesse de vie éternelle n'a pas amélioré l'humanité. Bien au contraire !
Les accros aux jeux vidéo, qui laissent mourir de faim leurs enfants, ont perdu pied avec la réalité, au profit d'un monde virtuel, qui leur donne plus de satisfactions.
La promesse du paradis n'a pas transformé l'humanité en gentils drogués, qui se foutent de tout en attendant leur part de bonheur éternel…
Bienvenue dans le monde réel !
Peu importe à quelle peuplade lointaine nous devons la première forme de vie éternelle… Des Sumériens, des Assyriens, des Grecs, qu'importe !
Qu'avons-nous observé en vrai ? Une oligarchie qui s'étouffe de luxe depuis des millénaires et opprime la masse du peuple pour en tirer son train de vie… et un peuple — encadré par un clergé vêtu d'or — qui survit à grand'peine, mais ça n'est pas grave, car le Seigneur a dit "Heureux les malheureux car ils seront bienheureux" …une fois morts, bien sûr !Regardons le spectacle lamentable de notre planète ! Des océans de plus en plus pollués où les poissons ont du mal à survivre. Un climat qui devient fou… Une couche d'ozone qu'on dévore allégrement…
Et puis, si vous êtes trop dégoûté par tant d'injustices, "il est plus difficile à un riche d'entrer au paradis qu'à un chameau de passer par le trou d'une aiguille…", et toc ! Voilà qui est envoyé…
Pour les ignares qui se demanderaient pourquoi les riches n'ont pas peur de l'enfer, je vous renvoie à la merveilleuse pratique des indulgences, qui consistent à se racheter de ses pêchés, moyennant une petite part de son superflu…
Bref, la plupart des gens étaient détachés des réalités matérielles, soit, mais contraints et forcés, et les autres, ceux qui étaient copains comme cochons avec les plus hauts dignitaires des églises, vivaient exactement comme s'il n'y avait pas vraiment de vie éternelle. « Tout ce que je peux prendre aujourd'hui, je n'aurai pas à le prendre demain… Et j'en ferai accessoirement cadeau aux enfants… »
Où est le problème ?
Ben quoi ? L'important, c'est la vie éternelle !
Les ours blancs et les abeilles peuvent aller rejoindre les mammouths et les oiseaux dodos au museum des animaux disparus. Ce n'est pas grave, puisqu'ils n'ont pas d'âme !
On peut bien finir de détruire notre planète et l'humanité disparaître en grinçant des dents, quelle importance puisque le paradis aura toujours assez de places pour tous les hommes méritants (et accessoirement les femmes, puisqu'on a admis tardivement qu'elles avaient une âme, de même que les autres races que la blanche…).
Grâce à la vie éternelle, la Terre est devenu notre cahier de brouillon, où nous pouvons faire n'importe quoi, sans que cela ait de conséquences sur notre vie éternelle.
À qui profite le crime ?
Bizarre, non ?
Parce que… si la vie éternelle n'était qu'une arnaque… Tiens, on suppose…
À qui profiterait-elle le plus, sinon à ceux qu'elle dérange le moins dans leur vie quotidienne ?
En vérité, je vous le dis, celui qui croit en des promesses invérifiables, ne viendra jamais se plaindre d'avoir été trompé !
Maintenant, comment pourrait-on vivre sans la vie éternelle ?
Donnons-nous la peine d'imaginer un monde sans croyance à la vie éternelle…
On n'a qu'une vie, qui commence à la naissance et se termine définitivement à la mort.Bien sûr, ce sont de gentilles conjectures… Cela vaut la peine d'essayer — au moins sur le papier — parce que de toutes façons, si on continue comme ça, on ne pourra pas se mordre les doigts encore longtemps…
Il appartient à chacun de donner un sens à cette existence, par ses actes, ses choix, ses efforts pour atteindre ses buts…
Alors, oui, on peut s'attendre à une humanité moins docile à respecter le désordre établi au fil des siècles, moins encline à courber l'échine devant des dignitaires, qui n'ont pas plus de dignité que les autres…
Ça ne serait pas si mal de remettre un peu d'équité dans ce salmigondis nauséabond qu'est notre économie, de refaire passer les êtres humains avant les marchandises et les monnaies… Mettre un frein à la cupidité humaine en plafonnant les revenus, comme on a su fixer un plancher ? Oh ! L'idée audacieuse que voilà…
Notre vie est précieuse car nous n'avons rien d'autre. Chaque vie est précieuse, comme est précieux l'environnement et les êtres vivants qui nous entourent. Nous ne sommes plus des créatures supérieures, des espèces d'Aliens dominateurs. Nous partageons la planète avec la faune et la flore qui essaient d'y vivre en équilibre, malgré nos interventions planétaires…
Si nous respectons la vie dans son ensemble, c'est parce que nous avons investi cette Vie mystérieuse (dont nous ne savons pas tout, mais l'ignorance est un défi permanent à relever…) de nos sentiments que d'aucuns appellaient spirituels.
Alors, nous respectons évidemment tous les autres êtres humains, sans distinction de race ou de continents…
Bref, un gentil meilleur des mondes sans mensonges, sans exploitation de l'homme, de la nature et de la planète, par une poignée de dépravés cupides, à qui l'on a eu la sottise de laisser croire qu'ils étaient au-dessus de l'humanité ordinaire…
Mais, comment faire pour se débarrasser de cette croyance si ancrée qu'on la croirait naturelle ?
Et d'où vient-elle au juste ?
(À suivre)
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