mercredi 15 février 2012

À lire et à entendre… en vidéo

Je tiens à m'excuser auprès d'éventuels lecteurs, pour cette interruption dans l'activité de ce blog, mais je mets tout mon temps dans la réalisation de petites vidéos reprenant des textes en vers que je compose peu avant…

Exemple :

Telle est la rouge vision que nous avons des choses !
Enervant papillon dont les métamorphoses
Liquéfient la raison qui bien vite se nécrose,
Environnée de guêpes, dont la danse indispose…
Vivement, de grands gestes, si toutefois l’on ose,
Iront tenter de faire que la télé implose,
Sans compter l’écran plat, qui plus jamais n’explose,
Interdisant l’espoir d’anéantir sa glose.
Où est la liberté sans un vrai bouton "pause",
Ni sans la volonté de s’affranchir des causes
Soufflant nos rêves profonds, jusque dans la psychose ?

Comme vous pouvez le voir, il s'agit d'un acrostiche, faisant partie d'une série d'acrostiches sur le mot TELEVISION(s), que l'on peut donc voir en vidéo sur YouTube.

Pourquoi des vers en 2012 ?
Un petit côté "exploit sportif" qui m'amuse… et ça oblige à une précision du texte qu'on n'obtiendrait pas forcément avec de la prose. 
Ces vidéos sont aussi une occasion de tester sur les curieux mes tripotages musicaux,
réalisés sur des musiciens morts, je vous rassure…
Bach, Mozart, Vivaldi, etc., quand on aime, on ne compte pas !
Si vous n'appréciez pas mes vidéos, mais que vous voudriez lire simplement mes vers, ils sont aussi disponibles sur mon site.

Mais comme j'ai également commis des vidéos d'acrostiches sur les mots suivants, je ne vous laisse pas tomber complètement :

ACROSTICHES
CHARITÉ
ÉCONOMIES
ÉGALITÉ
FANTASMAGORIE(S)
2012
INCONSCIENCE
INDIFFÉRENCE
LE SENS DE LA VIE
PARTAGE
RÉVEILLONS
TABAGISME
TOURISME
TRAVAILLER
VOMIR
Si le cœur vous en dit, il y en a de nouveaux chaque mois…
Au plaisir de m'entendre !

lundi 12 décembre 2011

Bouchées à l'arène

Dans un monde toujours plus inégalitaire, les plus pauvres vont enfin avoir une chance d'accéder aux tables du Fouquet's !

Pendant ces trois dernières décennies, nous avons tous remarqué les efforts couronnés de succès des plus riches pour multiplier leurs revenus, dynamisant l'industrie du luxe, dont notre beau pays est fier d'accueillir les plus nobles fleurons.

Malgré cette prouesse économique, non seulement les pauvres se sont montrés incapables de suivre cet élan vers le haut, mais, paradoxalement, les revenus ont stagné.
Les plus pauvres sont chaque jour plus nombreux, tirant de tout leur poids l'économie vers le bas et menaçant le triple A des pays les plus exemplaires.

Nos amis britanniques — de Margaret Thatcher, grande amie du général Pinochet, jusqu'au merveilleux David Cameron —, dont l'humanisme n'est plus à démontrer, ont bien identifié la cause du problème, après les émeutes récentes dont ils ont été victimes :
Les plus pauvres sont l'objet de problèmes personnels et ils s'excluent d'eux-mêmes du vent de prospérité qui devrait tirer tout le monde vers le haut.
On préconise même de matraquer les pauvres comme des bébés phoques, pour lutter contre la menace qu'ils représentent…

Malgré les efforts de notre excellent président Sarkozy, premier à montrer l'exemple en augmentant son salaire, qui nous conseilla judicieusement de « travailler plus pour gagner plus », les banlieues n'ont pas été nettoyées au Kärcher de la pauvreté, du chômage et de la détresse sociale. Bien au contraire.
Les médecins roumains, les infirmières bulgares, les routiers turcs et les plombiers polonais ont envahi nos villes et nos campagnes, on construit plus de prisons que d'hôpitaux, et Pôle Emploi pourrait devenir le premier employeur de France, si l'on continue sur cette pente…

Quelle est la tendance ?
Regardons vers le sud de l'Europe, loin de la Grèce, au Portugal, où malgré un SMIC à 475 euros, le chômage des jeunes dépasse les 22 %.
Si l'on baissait de moitié le SMIC, pourrait-on supprimer le chômage ?
Comment vit-on avec 240 euros de revenu mensuel ? Mal, même au soleil du Portugal.



La situation est désespérée, pour les plus pauvres, à moins de prendre des mesures nouvelles qui inversent la tendance, sans plomber les finances publiques, fragilisées par la crise mondiale.

Aujourd'hui, avec l'aide des géants de l'agro-alimentaire, on peut parfaitement résoudre définitivement le problème des pauvres, en Europe, comme dans les pays où les pauvres sont majoritaires.

Regardons les statistiques en face : qui peuplent les prisons, les trottoirs, les logements insalubres ? Ce sont les mêmes qui vivent mal, dans l'inconfort, la misère, la douleur morale de ne pas trouver leur place dans la société… Il est temps de proposer à ces gens une solution radicale pour sortir de la misère et, aussi, pour éviter à leurs enfants une vie qui s'annonce encore pire que la leur !

Supprimons les allocations familiales et permettons aux pauvres de vendre leurs enfants, leurs vieux parents, avant de se vendre eux-mêmes !
Pas question d'esclavage, bien sûr, c'est aboli.
Profitant du caractère omnivore des cochons, transformons plutôt ces bouches à nourrir en nourriture, et le problème de la faim dans le monde, lui-même, ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir !

Pensez à tous ces charmants footballeurs musclés, qui n'ont pas eu la chance de devenir des champions médiatisés, et se retrouvent, à vingt ans, entre Pôle Emploi, la drogue et la prison… Ne pourrait-on pas leur trouver une place appétissante sur une table prestigieuse ?

L'idée n'est pas nouvelle, proposée pour la première fois par Jonathan Swift en 1729, dans « A modest proposal ».
À partir de ce texte, le délicieux court métrage de Brice Reveney, réalisé en 1999, avec Jean-Claude Dreyfus, montre bien la noblesse du projet et sa cohérence avec notre situation économique, qui s'est encore dégradée, pour les moins aptes à multiplier leurs revenus (voir le film en cliquant sur le lien).

L'idée de manger les enfants (mais pourquoi donc se limiter aux enfants ?) suppose toutefois un retour au cannibalisme, tout à fait improbable, étant donné le haut niveau de civilisation que nous avons atteint.
Et pourtant, pour les nouvelles émissions culinaires qui parfument nos télés, quel challenge intéressant cela pourrait être…

À défaut, notre niveau de développement alimentaire permet tout à fait de nourrir les animaux d'élevage industriel avec des aliments d'origine humaine.
La chair des pauvres ferait une source de protéines acceptable, et le reste, broyé, un engrais précieux pour les cultures OGM, à moins que l'on en fasse des matières plastiques. Rien ne serait perdu.

Nos poules, nos cochons, nos saumons en ont vu d'autres !
À la belle époque du scandale de la vache folle, on a connu des usines où l'eau d'évacuation des sanitaires du personnel était recyclée en farines pour nourrir les bêtes… et les animaux étaient ravis !

À quoi bon nourrir des condamnés à vie, alors qu'ils peuvent participer utilement à la chaîne alimentaire ?
Dans tous les beaux pays où l'on pratique la peine de mort, quel gaspillage que ces bourreaux rénumérés au prix fort, alors que les abattoirs industriels regorgent de personnel bon marché !
Les SDF ? N'est-il pas inhumain d'attendre qu'ils meurent de froid pour les mettre au frigo et résoudre leurs problèmes une bonne fois pour toutes ? Et avec le réchauffement climatique, ils doivent parfois patienter des années…

L'obésité des enfants de pauvres, victimes de la malbouffe, ne sera plus un problème et deviendra même un avantage économique, pour les familles les plus démunies.

Les décès, qui plongent tant de familles dans l'affliction et la détresse financière ?
Ne pourrait-on décemment proposer aux personnes en fin de vie de se porter volontaires pour être recyclés en pâtés en croûte, au lieu d'être une charge pour leurs proches ?
Certes, ça ne rapporterait pas énormément, mais quelle économie (cercueil, enterrement ou crémation…) et la municipalité pourrait offrir d'écrire gratuitement le nom du défunt quelque part (sur un site internet…).
Sans compter l'amélioration du bilan carbone qu'une telle mesure permettrait !

Les Chinois, malgré le succès de leur politique de l'enfant unique, ne pourront pas longtemps éponger l'excédent de population de leurs campagnes, et le mécontentement des laisser-pour-compte du boom économique. Il est temps pour eux d'améliorer leurs rouleaux de printemps. De la part de ce grand pays, réputé pour sa gastronomie, on attend des innovations culinaires intéressantes !

Tous ces enfants qui meurent de faim, chaque année, dans le monde ? Si on en prélevait une partie (avant qu'ils ne soient trop maigres), avec les nuggets de poulet ainsi produits, on nourrirait les autres pendant un an ! Et ce beau geste humanitaire serait réalisé sans frais.

Contrairement à ce que l'on peut voir dans le court métrage mentionné ci-dessus, la vente des enfants ne doit pas devenir une source ou un complément de revenus à long terme. Ce sera tout au plus l'équivalent d'une prime de Noël…
Pas question pour l'État d'acheter les corps ! Là encore, la privatisation est préférable.
Laissons ce soin aux géants de l'agro-alimentaire et ils seront évidemment moins généreux

Même si la fécondité des pauvres européens rejoignait les performances du XIXe siècle, aucun décollage économique n'est envisageable avec cette proposition.
Ce n'est pas le but.

Il ne serait d'ailleurs pas moral d'encourager les pauvres à produire des enfants pour la viande. C'est une solution d'urgence provisoire, pour sauver la planète de la surpopulation et la civilisation mondialisée de la pléthore de pauvres qui sont une charge pour l'humanité.

On pourra très bien interdire définitivement cette pratique dans quelques décennies, quand l'objectif aura été atteint, de la même manière qu'on a aboli l'esclavage.

L'économie fondamentale est dans l'allègement des charges familiales et sociales, à court terme et à long terme, (économies d'écoles, d'HLM, de RMI, de prisons, de guerres) puisqu'il s'agit de planifier une diminution radicale de la population humaine terrestre.

Après avoir appliqué cette proposition de manger les pauvres (enfants et autres…) en Europe, il suffira de l'étendre aux continents les plus démunis, qui bénéficieront encore mieux de la disparition de leurs nécessiteux.
Imaginez le Mali, où ne survivront que les dirigeants (et leurs domestiques) !
Enfin, un pays d'Afrique où les habitants vivront tous bien !
On finira par obtenir une planète Terre peuplée de cinq cents millions d'habitants seulement, comme dans les beaux projets humanitaires du Nouvel Ordre Mondial.

Certains lecteurs sensibles pourront penser qu'il y a une certaine cruauté à cette proposition, mais la condition des pauvres, qui va en s'aggravant, n'est-elle pas plus cruelle encore ?

Cela dit, les représentants des plus grandes religions, interrogés sur ce projet, ont été unanimes à reconnaître que les victimes de cette solution auront beaucoup plus de chances d'aller directement au paradis que les pauvres qui sont condamnés à vivre dans les conditions de plus en plus difficiles.
Cet argument, n'oublions pas de l'évoquer, pour nous aider à lever les éventuelles réticences, s'il y en avait !

Le droit au souvenir ?
Tous les pauvres n'auront pas droit à une présentation raffinée dans une assiette de fine porcelaine, entre une branche de céléri et une rondelle de carotte sculptée, qui est sans conteste la plus belle récompense d'une vie de pauvre.


Si vous finissez sous blister dans un hypermarché, on pourra sans doute demander aux industriels de l'agro-alimentaire d'ajouter une petit ligne dans un coin de l'emballage, du genre :
Jacques Raffin a participé à la nourriture de ces triangles de poisson frits.

Une épitaphe valorisante, reproduite sur plusieurs dizaines de produits, sur les rayonnages.
Toute une vie d'injustices vengée en quelques mots…

samedi 16 juillet 2011

Éloge du Mérite

Nous vivons dans le meilleur des mondes, c'est bien de le répéter…
Comme, de l'extérieur, on a parfois l'impression que le monde est injuste, je suis allé personnellement interroger les gens qui avaient l'air le plus privilégiés, pour leur demander leur avis. Leur réponse est unanime : tout est très bien comme ça, et, en voulant changer les choses, on ne pourrait que perturber le fragile équilibre d'un système parfait.

A est milliardaire parce qu'il court vite et se débrouille très bien avec tel type de ballon. Si je lui fais observer que B est beaucoup moins riche, alors qu'il court aussi vite, A me répond que B a choisi le mauvais sport et que c'est donc de sa faute s'il végète avec des sponsors radins.

C est très belle et elle gagne beaucoup d'argent en se faisant photographier avec de beaux vêtements. Elle justifie son argent pour couvrir ses dépenses pour échapper aux paparazzi.

D est née avec une cuillère en métal précieux dans son orifice buccal. Elle justifie tous ses avantages, parce qu'elle est très moche et c'est donc une juste compensation à ce désagrément. Elle peut ainsi s'offrir des opérations chirurgicales qui aident à diminuer sa disgrâce.

E gagne beaucoup d'argent parce qu'elle a fait beaucoup d'études et qu'elle occupe un poste à responsabilité au sein d'une grande entreprise. Si je lui présente F, qui a fait plus d'études qu'E, et qui gagne moins, E répond qu'il a choisi la mauvaise branche et qu'il devait le savoir dès le départ. F a choisi un domaine qui lui plaisait, sans se préoccuper des rémunérations. Peut-on être plus irresponsable ? Mérite-t-on mieux son sort ?

G n'a pas fait d'études, il a longtemps occupé des emplois subalternes, inintéressants, commandé par des petits chefs impudents, qui ne lui laissaient aucune initiative. C'est pourquoi il est juste que G ait gagné les six numéros du Loto.

H est chanteuse à succès. Elle a si bien réussi dans son métier qu'elle possède autant de maisons que de villes à sa prochaine tournée. Vous ne voudriez tout de même pas qu'elle aille dormir à l'hôtel ? Et s'il n'y avait plus de chambres ?

I est jeune, beau et il joue bien. Quoi de plus normal, dans le meilleur des mondes, qu'on le couvre de gloire et d'argent ?

L'alphabet est long et trouverez-vous jamais quelqu'un qui vous dira : "Nous vivons dans un monde injuste. J'en ai largement bénéficié et c'est dégueulasse pour les autres…" ? Alors, abrégeons les exemples !

Z est vieux (pas si vieux, puisqu'il était encore en activité), moche (pas moche pour tout le monde, paraît-il…), fonctionnaire et présumé éventuellement peut-être coupable de délits sexuels. Quoi de plus normal qu'on lui offre une indemnité de départ royale, pour le remercier de ses bons et loyaux services ?

Naturellement, toute ressemblance avec des personnalités existant ou ayant existé ne saurait être purement fortuite.

Les limites du mérite ?

On entend souvent dire que les athlètes de haut niveau, particulièrement quand il tape dans une balle (avec le pied ou une raquette…), ont un niveau de vie élevé, parce que leur carrière est forcément courte. Comme si, leur notoriété aidant, un seul athlète de haut niveau allait rester inscrit à Pôle Emploi jusqu'à l'âge de la retraite :
— On va vous mettre un costume et un badge de l'entreprise et vous allez sourire là, au bas de l'escalier.
— Oh… Ben non ! Moi je sais seulement mettre un short et taper dans une balle avec une raquette…
Il faut bien croire que c'est possible…

De la même manière, comment ne pas s'étonner, en période de crise, des parachutes dorés et autres retraites de ministres, qui se cumulent allègrement avec les reprises d'activité ?

Que l'on dispense aux personnes handicapées des allocations (inférieures à certains pourboires) pour les aider à vivre, quoi de plus normal dans une société globalement riche ?
Pourquoi traiter nos super-héros représentants du peuple, nommés aux postes les plus élevés de l'État, au nom de leur compétence, évidemment, comme s'ils étaient trop bêtes pour se réinsérer à leur sortie du Ministère, du Sénat, du Palais-Bourbon ?

À la limite, que l'on aide les ex-prisonniers à se réinsérer honnêtement par une aide pécuniaire (qui n'existe pas, à ma connaissance), ce serait logique, mais nos surhommes sont-ils à ce point handicapés par leurs capacités pour risquer de ne pas trouver de travail ? Sont-ils trop nobles pour aller s'inscrire à Pôle Emploi ?
— Faites la queue comme tout le monde, Monsieur le Ministre !
— Madame, où est l'huissier pour me conduire aux toilettes ?
— Vous avez été médecin ou avocat ? On en manque à Gennevilliers…
— Ah oui ? Et… il y a une voiture de fonction ?

Non, bien sûr, tout le monde sait qu'ils se replacent tous très bien et dans les meilleures conditions dans les plus grandes entreprises, et aux postes les mieux rémunérés. Alors ?

Alors… Les retraites de ministres et autres avantages similaires ne sont que des manières d'augmenter artificiellement l'intérêt financier à être élu au plus haut niveau.

De la sorte, on est sûr d'attirer à ces postes, les individus les mieux disposés à l'égard de cette valeur fondamentale de notre société (l'Argent) et le pays n'en sera que mieux gouverné dans l'intérêt de… du meilleur des mondes.

La boucle est bouclée.

D'ailleurs, comme je dis souvent à mes collègues, qui se plaignent de ne pas avoir trouvé le courage d'aller voir ailleurs :
— Si nous sommes là, tous ensemble, c'est bien pour expier les méfaits de nos vies antérieures…

jeudi 23 juin 2011

Cerise sur le ghetto I : SuperNormal !

Quand on a la chance d'habiter dans une banlieue privilégiée (ce qui veut seulement dire que les lois habituelles ne s'y appliquent pas… Comme on dit dans les journaux, "ces territoires où les lois de la république ne s'appliquent plus"… Des lieux privilégiés, donc), dans un de ces endroits extraordinaires (pas ordinaires, donc) qu'un Ministre de l'Intérieur célèbre, devenu ensuite Président de la République, a promis vainement de "nettoyer au Kärcher", on a un peu de mal à se considérer comme un Français normal.

Même si l'on n'est pas forcément "issu de l'immigration", on appartient à ces territoires où le chômage fleurit plus qu'ailleurs, où la crise économique se ressent plus durement, où le niveau de vie est moins élevé, de même que de nombreux autres niveaux, culturels, scolaires, sociaux, etc.

Bref, on est bien là dans le dessous de la France d'en bas, et sur votre CV, votre adresse devient un bon argument pour continuer à profiter longuement des services du Pôle emploi…

Il est vrai aussi que si l'on est effectivement d'origine étrangère (et que cela se voit…), le handicap à surmonter est encore plus grand et l'effort devra être proportionné…
À part quelques champions d'arts martiaux (qui déchirent…), qui reviennent triomphalement aider les petits frères, qui se félicite d'habiter dans ces endroits ?
On ne s'y installe pas volontairement pour y jouir des infrastructures culturelles ou sportives, mais plutôt contraints et forcés par les difficultés économiques et les prix de l'immobilier…

On imagine donc bien que de grandir dans ce genre d'environnement, même avec les meilleurs parents du monde, ce n'est pas une chose facile.
Chaque individu a besoin, pour s'épanouir, de croire à sa propre valeur, et de s'en réjouir. Si le reste du pays vous renvoie une image négative, vous devrez faire des efforts particuliers pour vous convaincre et les convaincre qu'ils ont tort, et que vous avez plus de valeur qu'il n'y paraît.

Qu'est-ce qui peut être supérieur au mépris d'un président de la république ou d'un peuple entier ? Dieu !
La religion est donc une bonne réponse, pour une personne qui cherche des valeurs auxquelles s'identifier, pour avoir soi-même de la valeur.
Ne cherchez pas ailleurs que dans le mépris et les difficultés économiques, le développement de la religion (et de l'Islam) dans les banlieues.
D'un coup de livre magique, vieux de nombreux siècles, et moyennant quelques prières, on transforme une racaille en saint homme ! Et ça marche aussi un peu avec les femmes, évidemment, à un moindre degré…

Bon, donc la religion, valeur-refuge des méprisés, soit. Il n'y a pas que cela. Le jeune de banlieue se veut normal, aussi normal qu'un jeune de la ville, voire plus normal même !
C'est donc une superNormalité qu'il va chercher à cultiver pour compenser son déficit de départ, pour le surpasser d'une manière définitive, indubitable, absolue.

Qu'est donc cette superNormalité ? C'est une normalité orthodoxe, intégriste, farouche, qui vous fait aimer les choses normales, les gens normaux, et vous n'allez pas vous arrêter en si bon chemin : vous allez, plus que les gens normaux, aimer les choses normales et donc, fuir, détester les choses anormales, haïr les gens anormaux, et abhorrer l'idée que l'on puisse imaginer seulement que vous puissiez n'être pas complètement, absolument normal.

Si vous êtes chauve, vous allez vous raser le crâne, pour faire partir de la grande communauté des crânes rasés, plutôt que d'être un mal chevelu…
Si vous êtes petit, vous allez mettre des talonnettes.
Et puis, pour vous sentir moins seul dans un monde hostile, vous allez vous joindre à une bande de jeunes qui partageront les mêmes valeurs superNormales, et vous aideront ainsi à vous convaincre que vous faites partie d'une élite méconnue certes, mais injustement.

Prenons l'exemple de l'homophobie.
Que nous importe en réalité qu'untel pratique la sexualité de son choix chez lui avec un autre adulte consentant ? Tant qu'il ne nous force pas à nous joindre à lui…
Eh bien ! C'est faire là preuve d'un laxisme, digne d'une personne simplement normale. Quand on est superNormal, on est offusqué, indigné, gêné que de telles choses puissent seulement exister ! Et on est fier de cette indignation, qui est un signe de superNormalité épanouie, triomphante, autant dire un signe de supériorité évidente !
Quand on est superNormal, par exemple, on s'offusque de voir tous ces sexes d'hommes dans les musées ou sur les statues des jardins publics parisiens ! Quelle dépravation chez des personnes qui se disent normales ! Comme la superNormalité est supérieure !

Alors, si d'aventure, notre route croise celle d'une de ces malheureuses créatures, auxquelles la loi française interdit le mariage, l'adoption, et évidemment la parentalité, et qui sont donc considérés légalement comme des anormaux (même si le mot n'est pas explicitement employé, on peut au moins parler de personnes inférieures juridiquement), même si médicalement, on les a finalement retirés de la liste des maladies mentales…
Bref, vous croisez ce genre de personnes et comme votre regard trahit votre gêne à son approche, l'autre peut se méprendre et oser vous aborder d'une voix douce, qui vous retourne d'horreur…
Que croyez-vous que ferait une personne normale ? D'un haussement d'épaules désinvolte, elle s'éloignerait avec un "Merci, je ne mange pas de ce pain-là…".
Mais, là, non, nous avons affaire à une personne superNormale, révulsée à la seule pensée que l'on pourrait le voir et croire que peut-être il apprécie cette compagnie et ce dialogue involontaire… Alors, comment faire autrement que de laisser libre cours à un besoin légitime de violence, pour éradiquer une bonne fois toute cette anormalité épanouie si dérangeante pour l'égo ? Car enfin, si l'on peut s'afficher si ouvertement différent, et n'en être pas dérangé, c'est que cette sacro-sainte superNormalité est implicitement un modèle de comportement arbitraire, qui n'a donc aucune valeur absolue et universelle ?
C'est Dieu qu'on assassine ! Et comme Dieu ne peut pas se défendre tout seul, il faut bien le faire à sa place…

D'ailleurs Dieu n'aime pas les homosexuels, c'est bien connu…

Moralité : Quand les citoyens de seconde zone se font la guerre, les citoyens de première zone ont la paix.

Éloge du Normal

"Homo" signifie "pareil, semblable".
Homosexualité, c'est donc la sexualité entre personnes du même sexe.

Partant de là, l'homophobie devrait être la détestation de ce qui est comme nous, et l'amour des différences !
En réalité, les homophobes sont homophiles, puisqu'ils aimeraient retrouver chez les autres leurs propres caractéristiques.

Comment, à l'heure d'Internet, peut-on encore aimer nos ressemblances ?
La réponse est simple : ce que nous sommes, ce que nous avons, ce que nous pensons, n'a de valeur que dans la mesure où nous sommes nombreux à partager ce que nous érigeons alors au rang de "valeurs".

Moins nos caractéristiques (couleur de la peau, langue, goûts, préférences…) sont universelles, plus elles dépendent des aléas de notre destin personnel, moins nous pouvons nous accrocher à l'illusion d'appartenir à un grand tout rassurant. Plus nous risquons de nous retrouver à l'état d'enfant perdu sans ses parents dans le grand magasin de la vie…

Le racisme, la xénophobie, la religion, l'homophobie, sont autant de "valeurs" auxquelles se raccrocher pour ne pas nous diluer dans l'océan humain.

mercredi 22 juin 2011

Salut, Éric !

Le quartier a perdu son commerçant le plus humain.

Éric n’est plus.

Vous ne verrez sans doute pas d'annonce nécrologique dans les grands journaux et on n'en dira rien à la télé non plus.
Éric, ce n'était que le marchand de fruits et légumes du quartier.

Un petit homme gentil, toujours de bonne humeur et que tout le monde aimait bien.
Derrière sa caisse, son mur était couvert de dessins donnés par les enfants.
Ceux des mes enfants y sont sans doute encore…

Il aimait bien les enfants et les enfants l'adoraient. Non pas qu'il leur donnât des bonbons… Non, il ne leur donnait que des fruits et des sourires. Il leur parlait, aussi.

Évidemment, il avait les meilleurs fruits et légumes du quartier, et il avait à cœur d'offrir toujours de bons produits.

Toujours un sourire aimable, une gentillesse sincère. À l'opposé du commerçant qui vous fait bonne figure pour vous refiler un fruit pourri…

Chez Éric, le client se servait lui-même, puis, on passait à la caisse, bavarder avec Éric, s'il n'y avait pas trop de monde. Un plaisir de faire les courses…
Samedi, Éric est venu travailler comme d'habitude. On voyait bien sur son visage qu'il n'allait pas bien, mais il a travaillé jusqu'à l'heure de fermeture. À bout de forces.

Dimanche, Éric nous a quittés pour toujours. Il avait 55 ans.
J'ignore la cause médicale de son départ, et je ne veux pas la connaître. Savoir qu'on aurait peut-être pu l'éviter rendrait les choses encore plus douloureuses.

Depuis qu'il est parti, ses stores métalliques restent baissés, mais des enfants y ont collé des dessins. "Au revoir, Éric !" disent-ils simplement.
J'avais juste besoin de rendre hommage à un homme qui a su humaniser son travail et le quartier auquel il appartenait.
J'oubliais un dernier détail…

Éric était gay.
Cela se voyait sur son visage, à cause du fond de teint dont il se couvrait toujours, et il ne s'en cachait pas dans ses propos, évoquant son compagnon.

Pour certaines gens, cela suffisait à rendre Éric méprisable.
Pour tous les autres, c'était la preuve que les homos sont des gens normaux.
Certaines gens ont besoin d'en mépriser d'autres pour se sentir supérieurs.
C'est pour plaire à des gens comme ça, qu'on fait encore les lois aujourd'hui.

Éric fait partie de ses personnes à qui on a refusé le droit de se marier. Une mesure qui ne coûterait rien au budget, et qu'on refuse, juste pour faire chier !

J'ai honte pour ce pays, qui a perdu la notion du Bien et du Mal.
Salut Éric, si tu reviens à l'intérieur de quelqu'un d'autre, ce sera toujours un plaisir…

mercredi 1 juin 2011

Pour en finir avec la vie éternelle (1re partie : À quoi bon ?)

Laissez-les croire !

La vie éternelle a changé l'histoire de l'humanité, pour le meilleur ou pour le pire ?

Avec la perspective de la vie éternelle, le bonheur sur terre ?

Si vous assortissez la promesse de vie éternelle de quelques messages lénifiants "soyez bien gentils et vous aurez le paradis" et "sinon ce sera l'enfer pour vous", on devrait obtenir une population "zen" et détachée des réalités bassement matérielles, en attente du paradis promis…

Depuis des millénaires, toute la population occidentale a été pénétrée de la promesse de vie éternelle, et on a donc eu tout le temps de voir son influence sur la vie des gens… Est-ce donc le sympathique bonheur promis ?

À quoi bon se disputer les richesses de la terre, puisque l'important sera après la vie ?

Imaginons le meilleur des mondes :
– Je vous en prie… Après vous.
– Je n'en ferai rien. C'est à votre tour…
– Nous n'allons pas nous disputer pour si peu… L'important, c'est la vie éternelle !
– Bien évidemment !
Imaginez… Un monde fraternel, égalitaire, où tout le monde partagerait tout avec tous, sans chercher à commander pour le plaisir ou à accaparer inutilement des biens qui vous plomberaient le paradis… Un monde où l'on ne fabriquerait pas des pauvres pour le plaisir de s'enrichir.
Un monde pas si virtuel
Les accros aux jeux vidéo, qui laissent mourir de faim leurs enfants, ont perdu pied avec la réalité, au profit d'un monde virtuel, qui leur donne plus de satisfactions.

La promesse du paradis n'a pas transformé l'humanité en gentils drogués, qui se foutent de tout en attendant leur part de bonheur éternel…
Soyons lucides… La promesse de vie éternelle n'a pas amélioré l'humanité. Bien au contraire !

Bienvenue dans le monde réel !

Peu importe à quelle peuplade lointaine nous devons la première forme de vie éternelle… Des Sumériens, des Assyriens, des Grecs, qu'importe !
Qu'avons-nous observé en vrai ? Une oligarchie qui s'étouffe de luxe depuis des millénaires et opprime la masse du peuple pour en tirer son train de vie… et un peuple — encadré par un clergé vêtu d'or — qui survit à grand'peine, mais ça n'est pas grave, car le Seigneur a dit "Heureux les malheureux car ils seront bienheureux" …une fois morts, bien sûr !

Et puis, si vous êtes trop dégoûté par tant d'injustices, "il est plus difficile à un riche d'entrer au paradis qu'à un chameau de passer par le trou d'une aiguille…", et toc ! Voilà qui est envoyé…

Pour les ignares qui se demanderaient pourquoi les riches n'ont pas peur de l'enfer, je vous renvoie à la merveilleuse pratique des indulgences, qui consistent à se racheter de ses pêchés, moyennant une petite part de son superflu…

Bref, la plupart des gens étaient détachés des réalités matérielles, soit, mais contraints et forcés, et les autres, ceux qui étaient copains comme cochons avec les plus hauts dignitaires des églises, vivaient exactement comme s'il n'y avait pas vraiment de vie éternelle. « Tout ce que je peux prendre aujourd'hui, je n'aurai pas à le prendre demain… Et j'en ferai accessoirement cadeau aux enfants… »
Regardons le spectacle lamentable de notre planète ! Des océans de plus en plus pollués où les poissons ont du mal à survivre. Un climat qui devient fou… Une couche d'ozone qu'on dévore allégrement…

Où est le problème ?
Ben quoi ? L'important, c'est la vie éternelle !

Les ours blancs et les abeilles peuvent aller rejoindre les mammouths et les oiseaux dodos au museum des animaux disparus. Ce n'est pas grave, puisqu'ils n'ont pas d'âme !

On peut bien finir de détruire notre planète et l'humanité disparaître en grinçant des dents, quelle importance puisque le paradis aura toujours assez de places pour tous les hommes méritants (et accessoirement les femmes, puisqu'on a admis tardivement qu'elles avaient une âme, de même que les autres races que la blanche…).

Grâce à la vie éternelle, la Terre est devenu notre cahier de brouillon, où nous pouvons faire n'importe quoi, sans que cela ait de conséquences sur notre vie éternelle.

À qui profite le crime ?
Bizarre, non ?

Parce que… si la vie éternelle n'était qu'une arnaque… Tiens, on suppose…
À qui profiterait-elle le plus, sinon à ceux qu'elle dérange le moins dans leur vie quotidienne ?

En vérité, je vous le dis, celui qui croit en des promesses invérifiables, ne viendra jamais se plaindre d'avoir été trompé !


Maintenant, comment pourrait-on vivre sans la vie éternelle ?

Donnons-nous la peine d'imaginer un monde sans croyance à la vie éternelle…
On n'a qu'une vie, qui commence à la naissance et se termine définitivement à la mort.

Il appartient à chacun de donner un sens à cette existence, par ses actes, ses choix, ses efforts pour atteindre ses buts…

Alors, oui, on peut s'attendre à une humanité moins docile à respecter le désordre établi au fil des siècles, moins encline à courber l'échine devant des dignitaires, qui n'ont pas plus de dignité que les autres…

Ça ne serait pas si mal de remettre un peu d'équité dans ce salmigondis nauséabond qu'est notre économie, de refaire passer les êtres humains avant les marchandises et les monnaies… Mettre un frein à la cupidité humaine en plafonnant les revenus, comme on a su fixer un plancher ? Oh ! L'idée audacieuse que voilà…

Notre vie est précieuse car nous n'avons rien d'autre. Chaque vie est précieuse, comme est précieux l'environnement et les êtres vivants qui nous entourent. Nous ne sommes plus des créatures supérieures, des espèces d'Aliens dominateurs. Nous partageons la planète avec la faune et la flore qui essaient d'y vivre en équilibre, malgré nos interventions planétaires…

Si nous respectons la vie dans son ensemble, c'est parce que nous avons investi cette Vie mystérieuse (dont nous ne savons pas tout, mais l'ignorance est un défi permanent à relever…) de nos sentiments que d'aucuns appellaient spirituels.
Alors, nous respectons évidemment tous les autres êtres humains, sans distinction de race ou de continents…

Bref, un gentil meilleur des mondes sans mensonges, sans exploitation de l'homme, de la nature et de la planète, par une poignée de dépravés cupides, à qui l'on a eu la sottise de laisser croire qu'ils étaient au-dessus de l'humanité ordinaire…
Bien sûr, ce sont de gentilles conjectures… Cela vaut la peine d'essayer — au moins sur le papier — parce que de toutes façons, si on continue comme ça, on ne pourra pas se mordre les doigts encore longtemps…

Mais, comment faire pour se débarrasser de cette croyance si ancrée qu'on la croirait naturelle ?
Et d'où vient-elle au juste ?
(À suivre)